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A Montreal – 2

Nov 28, 2022

Les aventures du petit horloger – 2
 
Une halte à Paris et nous nous envolons vers le Canada, j’en profite pour me délester d’une partie des 18 montres achetées à Tunis, je ne garde avec moi que 2 montres, celles en parfait état susceptibles d’être vendues sur mon parcours. Atterrissage à Montréal. Je tâte le terrain grâce à Kijii, le bon coin local, et on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de choix en vintage, la marchandise est donc ailleurs. Pour la dénicher j’éspère beaucoup de la rencontre d’un horloger travaillant à domicile, probablement le seul ici, un contact glâné sur internet qui m’a spontanément ouvert les portes de son atelier sitôt que je lui ai dit être un confrère de passage dans son pays. Les présentations faites on échange sur l’outillage, parmi ses équipements je relève une machine à laver automatique à 4 cuves que j’estime plutôt confort, je lui fait la remarque il me rétorque qu’il veut basculer sur une 6 cuves. 6 cuves ? C’est justifié ? Parfaitement me répond t-il, je tourne à 20 révisions par semaine, faut que la machine à laver suive…. Suis estomaqué du nombre, sa routine doit lui rapporter gros ! Je lui demande aussi quels sont les calibres qu’il aime travailler, et bien essentiellement des Rolex, quelques Omega et c’est tout, il se fait le luxe de refuser tout le reste… . Notre entrevue se termine par l’achat d’un bracelet et d’une poignée de main cordiale mais sans l’information que je souhaitais au départ, trouver du vintage à bon prix dans la ville de Montréal, non, lui s’en moque c’est définitivement pas son truc.
 
Le lendemain aux abords du métro (super clean comme tout le reste dans cette ville) on me distribue un de ces journaux gratuits dans lequel je remarque l’annonce d’un antiquaire spécialisé numismatique, bijoux, et montres. Ni une ni deux je prends le métro pour m’y rendre, j’arrive dans un quartier branché du côté du mont royal, la boutique est tenue par un gars au profil russe, chaîne en or massif et Rolex assortie de mauvais goût. En pleine discussion avec 4 jeunes Latinos tatoués qui me donnent l’impression d’appartenir à un gang je n’ose déranger. Les montres sont là, sous le comptoir, masquées par les jambes de ces messieurs, patience. Quelques liasses de billets échangées plus tard, les montres se découvrent enfin, 2 vieilles Rolex carrées sans prétention, 3 Speedmaster, une f300Hz, 2 Longines, une Tissot et une Junghans. Des f300Hz, fameuses montres à diapason j’en ai eu quelques-unes, mais jamais dans cet état, le boîtier plaqué est sans manques, le cadran burgundy superbe et aucune trace de brucelles sur les aiguilles, cette montre n’a jamais été démonté c’est bon signe. Quant au prix il en veux 500 dollars canadiens, plus ou moins son prix à la revente. Je laisse passer 10mn, le temps d’observer les autres en détail, la Speed reduced ne m’emballe pas, la Schumacher bleue non plus, la 145.022 est sympa mais probablement hors de prix. La f300Hz me plaît je l’obtiens à 450 en cash. En partant je lui désigne la vieille Speedmaster pour en connaître le prix. 1500 dollars canadiens.
 
L’Omega f300Hz fonctionne bien, émet son bruit de moustique caractéristique et tient l’heure. Belle montre à valeur ajoutée dans cet état. je repense à la Speedmaster, 1500 dollars canadiens soit 1000 euros pour une moonwatch de 69 semble être une très bonne affaire, il doit y avoir anguille sous roche… . Je me documente 2 jours durant, essaye de comprendre les subtilités des bidouillages possibles, et retourne à l’assaut chez mon vendeur armé d’un ouvre fond. Une authentique Speed 145.022 à un prix si bas mérite qu’on l’ouvre non ? Sur place une cliente au comptoir, jolie brune négociant la vente d’une parure. La discussion dure et dure encore, marre d’attendre, je pense à la Speed et l’observe de loin. Je perçois l’antiquaire tout émoustillé par cette femme, jusqu’à ce qu’il tente une approche des plus lourdingues : pour lui annoncer son offre de rachat monsieur va lui prendre la tête entre ses mains et lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Quoi ? Je saurais jamais. Mais son regard libidineux en disait long. Quoi qu’il en soit cette intervention provoqua la fin de la transaction et elle partit avec une belle somme d’argent. Vient mon tour, je lui rappelle que je suis venu deux jours plutôt, lui ai acheté une Omega et que je suis intéressé par la Speed aujourd’hui, lui redemande le prix pour entendre confirmation de la somme. Et là il me lâche le chiffre de 4500 Dollars canadiens, 3000 de plus je comprends plus rien. Je réalise vite mon erreur quant il me dit que si je n’ai pas ce budget il y a aussi la reduced Schumacher bleue, juste à côté de la moon watch dans la vitrine, au tarif de 1500. Inversion de prix ou inversion de montres, j’aurais quand même rêvé de l’affaire du siècle pendant 2 jours, sans trop de regrets 😉

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