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Bangkok Chatuchak – 12

Fév 12, 2023

 
Les aventures du petit horloger – 12
 
Après le 13e arrondissement parisien c’est la deuxième fois que je mets les pieds sur sol asiatique. Bangkok, la capitale de la Thaïlande est le point de départ de nos pérégrinations dans toute l’Asie. C’est une des villes les plus visitées au monde et ça se ressent assez vite de la manière dont nous sommes abordés et sollicités pour tout et n’importe quoi. En revanche les Thaï ne sont pas lourdingues et n’insistent pas comme j’ai pu le constater dans d’autres pays. J’ai aussi pu constater qu’on pouvait tout obtenir facilement à moitié des baths demandés, sauf quand les tarifs sont affichés (ça va de soi), et sauf… pour les montres vintage.
 
Marché de Chatuchak, section 1, un dimanche. Un marché gigantesque, un des plus grands d’Asie, on dit que si l’on ne trouve pas ce qu’on cherche ici c’est tout simplement que le produit n’existe pas. J’arrive tôt, 8h30, apparemment un poil trop tôt, seules la moitié des 8000 boutiques sont ouvertes. Pas grave, dans l’attente je taille la bavette avec un marchand d’amulettes et de violons à l’anglais compréhensible. L’homme a 75 ans, et quand bien même très vif. J’adore ce genre d’anciens, généralement ils pensent moins business, plus enclins à discuter car ils se savent proches de la fin, moins matérialistes ils privilégient l’échange verbal, aimant à parler de leur expérience personnelle et de la réussite ou difficultés de leurs enfants, dans son cas un fils violoniste qui aurait pu devenir un des meilleurs s’il avait achevé ses études au conservatoire, mais faute de moyens… . Le vieux est sympa, je lui parle montres et il me parle amulettes, je cède pour une petite incorporant une bille, bien la secouer 3 fois avant chaque évènement qu’il me dit, par exemple pour s’assurer que son taxi arrive à destination et bien d’autres applications… .
 
9h45. Les marchands de montres vintage sortent enfin de leurs terriers, les vitrines sont belles, il y a beaucoup de choix pour des pièces de très bonne qualité, et des chronos à foison ! J’ai rarement vu autant de belles marchandises réunies en un même lieu, de quoi se sentir comme un gamin dans un magasin de bonbons ! Mais l’excitation retombe quand je m’aperçois que tout est très cher ou du moins dans la fourchette haute, et que rien n’est négociable. Avec ça les spécialistes de la montre ici sont aussi chaleureux que des blocs de béton, ont tendance à me prendre de haut et me regardent à peine dans les yeux quand je leur parle. Je crois qu’en 15 ans de chine je n’ai jamais eu pire contact. Peu importe, je me dis que compte tenu de l’offre je trouverai quand même une affaire intéressante, et c’est une Mido qui va me séduire, des années 50, une Multifort à cadran noir magnifique patiné gris, calibre 917P doté de ce système automatique pour l’époque innovant (7 pièces seulement), d’un antichoc Incabloc, réglage fin de la raquette breveté de la marque, couronne étanche, verre bagué et fond vissé étanche. Un modèle que j’aime beaucoup car du type de ceux qui traversent les âges sans dommages, signe de qualité technique évident. Mido, c’est pas du pipeau, et pour 6000 baths (150 euros) je suis client.
 
Mes démarches horlogères me conduisent ensuite vers le méga centre commercial MBK, on n’y trouve pas de mobylettes mais des contrefaçons à gogo. Curieux de nature je me suis toujours intéressé à ce que nos amis asiatiques étaient capables de produire en termes de copie. Et au 3e niveau de ce repaire du faux j’y vois des choses étonnantes, notamment une Audemars Piguet Royal Oak moderne, pas côté mouvement bien sûr (Miyota 9015), mais pour le reste c’est bluffant, boîtier et bracelet de belle facture jusqu’au cadran tapisserie aux reflets similaires. L’originale fait 18000 euros en boutique, et j’ai sous les yeux un produit de grade AAA vendu 4000 baths (120 euros). Les Rolex vintage sont aussi touchées par le fléau de la contrefaçon, mais là où les italiens (à l’origine les premiers bidouilleurs) utilisent des techniques artisanales pour obtenir une patine cadran « tropical » ou « chocolat », les asiatiques préfèreront produire en masse des cadrans vieillis de façon trop homogène, qui à mon avis ne trompent pas grand monde, en tout cas difficilement avec cette Rolex 5513 (photo du web) que je sais avoir été achetée dans une des boutiques que j’ai visité.
 
Fatigué de la foule je décide de rentrer, un jeune pilote de Tuk Tuk peu expérimenté me conduira bien loin de mon hôtel avant de réaliser son erreur, ou la mienne d’avoir zappé de faire usage de ma nouvelle amulette 😉

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