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Hong Kong Watch City – 15

Fév 15, 2022

Les aventures du petit horloger – 15
 
C’est dans le quartier agité de Tsim Sha Tsui que nous avons trouvé refuge, un équivalent de New York, la touche asiatique en plus. Nous nous sommes logés à la hâte dans le building Chunking Mansion, sûrement le moins cher de la ville mais aussi le plus étrange, étrange car il a tout l’air d’un ghetto : ici s’entasse 5000 personnes dans une centaine de guest houses, dont une grosse majorité d’Indiens, Pakistanais et Nepalais. Un lieu insalubre, qui empeste le tandoori (18 restaurants répartis sur les deux premiers étages) et des chambres minuscules, à peine 9m2 pour 4. Je m’amuse de la situation, car après le chemin que nous avons parcouru j’estime que plus rien n’est grave.
 
En tant qu’horloger marchand collectionneur, Hong Kong est le point d’orgue de mon voyage, car la ville, surnommée City Watch, est considérée comme un eldorado des montres. La raison est simple : on y produit plus de 3/4 des composants des tocantes suisses depuis 4 décennies, boîtes, cadrans, aiguilles, pièces de mouvements voire mouvements complets, et celà vaut aussi bien pour les productions d’entrée de gamme que d’autres plus qualitatives. Officiellement HK est le deuxième exportateur de montres suisses au monde, j’ai pu le constater rapidement, les grandes enseignes sont partout, et les revendeurs multimarques en grand nombre, une vingtaine dans un rayon de 500m autour de Nathan Road (Rolex, Omega, Panerai, Audemars Piguet, Patek Phillipe et autant de marques de luxe représentées dans les mêmes vitrines). A en juger la couche de poussière par endroits ces derniers sont clairement en surstock (en cause la crise horlogère de 2010 qui a toujours cours) il faudra donc se tourner vers eux si l’on souhaite obtenir un rabais intéréssant sur ce type de produits. On retrouve ce phénomène dans les gammes inférieures, ce qui me donne l’occasion de flancher pour une Seiko Diver à lunette Pepsi, achetée à 1200 hkdollars dans la boutique d’un couple de petits vieux cachés dans un recoin du rez-de-chaussée de mon cher building hôtel.
 
City Watch tient aussi la réputation de premier exportateur de contrefaçon (Guangzhou n’est qu’à 7h et Shenzhen à 4h de HK), hors sur place elle est sévèrement réprimée, ainsi les stocks contrefaits, cachés dans des appartements privés, arrière-boutiques de tailleurs ou de vendeurs de Jade ne sont accessibles que par le biais de rabatteurs indiens plantés devant les grandes enseignes, pour ma part je me fais aborder en moyenne 10 fois par jour et ça devient vraiment usant.
En ce qui concerne les montres anciennes, 5 shops sont concentrés au premier étage du 36 Nathan Road, tous relativement chers et tenus par des vendeurs du genre expéditif. 4 autres se situent dans la galerie commerciale du 16 Kimberley Road, même ressenti exception faite pour l’efficace fournituriste qui propose toute la gamme Bergeon et un tas d’outillages variés à prix correct. A 500m de là côté Est, le Peninsula center, et au deuxième étage Berne Horology rive nord : un concentré de montres vintages comme j’en ai rarement vues, au minimum 1000 montres, pour tous les goûts, toutes les marques, toutes les époques, mais aucun prix affiché, certaines d’entre-elles sont entassées sur plusieurs niveaux… Au bout de 20mn et après quelques renseignements pris j’ai littéralement bugué au point de devoir sortir pour reprendre mes esprits. Trop de montres tue la montre…
 
Non les meilleures touches, je les ai faites ailleurs, de l’autre côté de la rive, à commencer par une belle rencontre au détour d’une ruelle très étroite, un certain Raymond Cheung, un personnage sympathique et intriguant qui brasse des sommes folles depuis sa mini boutique atelier de 1m2. Autrefois vendeur dans les plus grandes enseignes de Kowloon et fort de ses 30 ans d’expérience il a pris pied à Pottington Street pour se rapprocher d’une clientèle de financiers et leur proposer du haut de gamme d’occasion, principalement des Rolex, de belles Omega et Vacheron Constantin mais aussi des Patek, la plus chère qu’il aie vendue faisait 930000 dollars HK soit 95800 de nos euros ! Évidemment rien d’abordable pour moi dans son stock mais à 300m de lui Berne Horology bis, tenue par un autre propriétaire, une bijouterie familiale de 30 ans d’existence, avec moins de choix que chez le collègue de la rive Nord, mais parce que les montres sont exposées avec soin on y respire mieux. Pas d’horlogers ici mais 3 vendeurs souriants, disponibles et très accueillants. Beaucoup d’Omega Seamaster, des Rolex de choix comme cette petite Viceroy california dial digne de prendre place dans un musée, des chrono à colonne Angelus, quelques Lemania, Breguet militaires type 20 et aussi des montres dans ma gamme de prix, enfin !
 
Je vise deux plongeuses originales, une rare Hamilton électro mécanique Skip Jack et une Heuer 1000. Je n’avais jamais eu de Skip Jack dans les mains, celle ci est dans un bon état général pour un modèle de 1974, le mouvement 702 est révisé et le polissage soleil non retouché, lui manque juste son bracelet d’origine. La Heuer 1000 est de deuxième génération (980.021), date de 1982/3. Le module quartz ESA (pré ETA) 536.121 n’a aucune trace d’oxydation, et son fameux boîtier de conception française Monin est presque intact, de fines rayures d’usage sans gravité. Le bracelet jubilé est complet avec boucle d’origine et extension pour combinaison de plongée. En revanche le verre mérite d’être changé et le fond est gravé de 4 initiales (peu profondes je les ferai facilement disparaître). Des petits détails qui me permettront de « forcer » la ristourne. Affichées respectivement 3800 et 7500 hkdollars mes deux offres à 3400 et 5800 l’emportent, une double affaire honorable considérant les prix élevés pratiqués ici. Sur l’Hamilton, pas de travaux à prévoir, quant au verre de la Heuer je le changerai à mon retour, non pas peu fier de pouvoir rapatrier cette montre sur son continent d’origine 😉

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