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Les îles Palawan – 18

Nov 30, 2021

Les aventures du petit horloger – 18
 
Après Coron, une des nombreuses îles de Palawan aux Philippines, c’est du côté d’El Nido que se poursuit la visite du paradis aquatique. Et c’est de mieux en mieux, les excursions en bateaux se succèdent et ne se ressemblent pas, plages cachées, fonds clairs peuplés de poissons j’en prends plein les mirettes. J’ai aussi ce désir secret de trouver au milieu des coraux une 5513 Rolex (même rouillée) perdue par un plongeur 50 ans plus tôt, mais le miracle n’arrive pas, mon rêve de gosse reste ainsi entier. A terre j’éspère pour une 6105, l’Apocalypse watch de Seiko, et pas mieux, une discussion avec un horloger de rue sympa confirmera qu’en dehors des fausses japonaises (il utilise l’expression Seiko for local market) j’aurais du mal à trouver quelque chose de correct. Celà dit il me sort de son tiroir une vraie 01Z0 à cadran orange, en bon état et pour à peine 25 euros je repars avec au poignet, elle m’accompagnera pour les 4 plongées suivantes sans défaillir, soit une bonne trouvaille.
 
Après 10 jours de pure détente, retour à Manille, le choc ! Chaleur étouffante, pollution, fouilles répétées à l’entrée des complexes commerciaux j’avais déjà oublié tout ça depuis mon dernier passage. Mais je n’ai pas zappé les adresses que m’avaient filé Edward, mon vendeur de Tudor. La première me rapproche de Mang Loy Albelda, horloger et vendeur Ebay connu de toutes les Philippines et d’ailleurs, notamment pour ses mods de plongeuses Seiko, cadrans personnalisés Mickey et Star Wars, mouvements 6309 modifiés reverse (la trotteuse tourne dans le sens contraire grâce à une intervention astucieuse sur l’échappement, et le ressort barillet est monté à l’envers).
Trouver Loy s’avère une vraie galère, 1h et demie de recherche dans un dédale de boutiques d’un vieux mall géant du quartier populaire de Guadalupe, avec en prime des gamins qui cherchent à me faire les poches, et tout ça pour aboutir à un store fermé ! J’apprends par la commerçante voisine qu’il n’ouvre qu’en fin d’aprèm et à un horaire incertain, Google désormais plus mon ami disait 13h. Dépité je laisse tomber pour filer vers la deuxième adresse à 1h de là, 30mn de métro bondé plus 30mn de marche sous 40 degrés, j’arrive liquide… . Mang Andoy ce coup-ci, y’a toujours un Mang quelque chose, le net m’apprend que c’est une formule de respect. Le vieil horloger, bien qu’assisté d’un plus jeune est très pris, 2 personnes devant moi et très vite 4 autres derrière, l’échange va être rapide, je lui explique que je suis horloger en voyage, que je suis acheteur de montres anciennes à réparer. De là il me désigne une étagère avec des montres pourries, exceptée une Helbros montée AS 1475, le mouvement m’apparaît en bon état alors pourquoi pas, plus une mignonne petite Cimier télémètre à mouvement Lapanouse, le tout pour 100 dollars non négociable. Et c’est tout ce que vous avez à me proposer lui dis-je poliment ? J’ai bien d’autres montres me dit-il, Jaeger Lecoultre, Girard Perregaux, Longines, etc… . Joignant le geste à la parole il me sort une boîte à chaussures de sous son établi. Intéressant ce stock, sauf qu’il ne veut pas vendre, et ne me laisse même pas prendre une seule tocante en mains. Curieux que je suis je lui demande où il les a chinées ? Sur Ebay me dit-il, expédiées depuis… la France ! C’est le comble. Là dessus je lui dis de me mettre les deux montres pour pièces de côté, et parce que je dois retirer de l’argent il m’indique l’atm le plus proche, en sortant de son atelier à droite puis au pied des escalators.
 
Je ne sais pas pourquoi mais je sors côté gauche, et là, merveilleux hasard, collée à l’atelier d’horlogerie une boutique sans enseigne pleine de montres vintage, j’hallucine ! Il aurait pas pu me le le dire cet Andoy ! Pas mal de pièces de choix et abordables, des chronos, des militaires et même une montre de poilu, mais la seule qui retient vraiment mon attention est une Wittnauer au boîtier viril des plus curieuses, couronne et cadran signés de la marque mais annoté Japan et pas Swiss made, une fenêtre de date identique aux vieilles Seiko 6119, et un mouvement auto qui ne se remonte qu’aux mouvements du poignet ?! La jeune employée sur place n’a rien d’une horlogère, ne sait rien du moteur de cette montre et n’a aucun outil pour l’ouvrir. A 15000 pesos (220 euros) je me laisse tenter, vais retirer de l’argent en prenant bien soin d’ignorer ce cher Mang Andoy et ses épaves de montres à prix d’or. De retour à l’hôtel je m’empresse d’ouvrir ma Wittnauer, c’est bien un mouvement Seiko, masse signée Wittnauer et fond gravé British crown colony Hong Kong. J’ai une pièce historique sous les yeux et plutôt rare ! Après quelques recherches online sur la base de la référence du mouvement, W100, apparaît le modèle Super Sport 1974 décliné en 4 coloris, équipée de la même mécanique que la mienne, de quoi confirmer que ce n’est pas une frankenwatch. Jamais je ne me serais douté qu’il y ait pu avoir de collaboration entre cette marque américano suisse et Seiko, il m’aura fallu un voyage aux Philippines pour l’apprendre 😉

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