Les aventures du Petit Horloger – 24
Le canal du Midi à vélo ça te botte ? Me suggérait mon beauf il y a 1 mois. Ok répondis-je, j’ai juste besoin d’un vélo, un peu d’équipements, une montre/jour et go !
Mon choix se porte sur un Cycles St Étienne déniché sur le bon coin. Essayé sur à peine 100m j’ai spontanément dit oui. Le look (orange chaudron), son origine et l’état général ont suffi à me décider. Question montres je n’ai qu’un critère, elles seront à remontage manuel, car j’estime qu’une montre vintage auto n’est pas vraiment l’idéal pour encaisser les vibrations au guidon de mon biclou.
Première étape Blagnac/Avignonet Lauragais, soit 57km de plat à 13km/h de moyenne sous un soleil radieux. Sans difficulté malgré un entraînement inexistant. Je porte une Mido de 1939 fraîchement restaurée, toute petite par rapport aux standards masculins d’aujourd’hui. Je lui ai trouvé un petit nom, la montre « écrou » à cause de la forme de son boîtier. Le mouvement de manufacture est révisé réglé. Le reste de mon intervention s’est limité au remplacement du tube de couronne et de l’ajout d’un plexi super punaise. Les indexes et aiguilles au radium ont pris une patine sympa alors j’ai préféré ne pas y toucher. Verdict 10mn d’écart en fin de journée, j’avais noté que la raquette de réglage était un peu trop souple, alors soit elle a bougé soit… Bref on verra bien à mon retour.
Jour 2 65km
Avignonet/Castelnaudary/Carcassonne
Toujours plat mais une piste bien plus technique que la veille : cailloux, ornières et racines cachées sous les tas de feuilles ne ménagent pas ma monture. Ma hantise est de casser des rayons alors je me fais léger sur la selle. Sur le parcours les écluses s’enchaînent et se ressemblent, moins ces vieilles péniches si singulières, et qui voguant à travers la purée de poix matinale me rappellent l’atmosphère de vieux épisodes du commissaire Maigret. A mon poignet un chrono Valjoux Marcel et Compagnie quasi neuf de stock, typique seventies, un objet de promotion des bougies Champion. Son bilan est positif compte tenu des vibrations qu’elle a subi : 20 secondes d’écart tout au plus en fin de journée, alors que mes poignets eux sont devenus particulièrement douloureux.
Jour 3 70km
Resserrage indispensable des rayons avant d’attaquer la troisième étape en direction de Mirepesset. La roue arrière est tout de même légèrement voilée, tant pis on doit partir. Ce matin je pousse péniblement sur mes pédales, j’ai mal aux genoux, le trop riche cassoulet bien arrosé de la veille y est peut-être aussi pour quelque chose. Le paysage est changeant sur cette portion. Au début moins voire pas d’arbres et des bordures découpées à la serpe. Puis arrivés au niveau de Puichéric des vignes magnifiques à perte de vue. J’évolue parfois dans la gadoue et mes pneus de 25mm inadaptés m’obligent à marcher. Alors pour rattraper ma moyenne et dés que le terrain le permet je fonce. Haletant bouche ouverte je manque d’avaler une abeille, le goût qu’elle me laisse est indescriptible. Ma langue est douloureuse et de peur qu’elle gonfle j’aseptise tant bien que mal avec un bonbon menthol extra fort, j’ai du bol ça a l’air de marcher. Enfin après 5h en selle et une trentaine de crachats nous arrivons dans un hameau pittoresque, Le Somail. Dans cet ancien port marchand je découvre une librairie qui contient 50 000 références, mais un seul ouvrage horloger. Plutôt curieux c’est un catalogue de vente Habsburg de 90 pour la clientèle japonaise, comment a-t-il atterri ici ? Ma montre du jour n’a pas failli, une Benrus Dtu-2a/p de Mai 1966, vraiment une montre tout terrain.
4e jour 45km
Mes jambes pédalent toutes seules, je crois que je suis bon pour le tour de France lol. Il y a quand même une difficulté, mon beauf qui fait la navigation depuis le départ (merci à lui) me suggère un raccourci sur un pont ferroviaire. Et si par malheur un train se présentait la seule option serait de sauter dans l’eau 10m en contrebas, en éspérant que le canal soit assez profond. Je colle mon oreille aux rails comme dans les Western, rien. Puis 30 secondes de stress à toute vitesse avant d’arriver à l’autre bout, victoire ! La suite n’est que bonheur, une petite halte à Narbonne puis plongée dans le parc naturel entre le canal et la mer. Nous atteignons enfin notre objectif, Port La Nouvelle, une belle Omega Dynamic au poignet. Peut-être la moins confortable pour une activité sportive du fait de son poids, mais la classe assurée