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Vol retour en Europe – 22

Nov 18, 2021

Les aventures du petit horloger – 22

Tbilissi/Munich. Dernier vol, ultime passage en douane et un pressentiment. Mon sac fait tiquer la contrôleuse face à l’écran du scanner, interpelle sa collègue pour lui montrer l’image, révélatrice du contenu. Elle questionne de loin watches ? J’acquiesce yes watches. Elle surenchérit many watches ? je réponds many, yes, as you can see. De là elle me demande de la suivre dans un coin à l’écart, retourne s’emparer de mon sac et le vide sans aucune précaution dans deux bacs plastique. Je reste en apparence stoïque mais intérieurement je bous. Car cette douanière me paraît surexcitée comme un chien qui vient de découvrir de la schnouf, observe mes montres une à une, sans rien dire, puis demande du renfort. Ils sont maintenant 3 autour de mon lot de montres, les deux hommes semblent plus cool, ont repéré les Omega dans le lot, puis la Komandirskie neuve de stock qui provoque chez eux une esquisse de sourire.

L’un des deux me dit this one is nice, how much did you pay for it ? Je réponds du prix sans sourciller et leur signale en passant que je suis horloger passionné. Aucune réaction. Une boîte de caramels japonais dans le tas éveille leur curiosité, l’ouvrent et tombent sur un vieux badge de Gorbachev acheté au marché du Pont Sec. Je m’excuse de la présence de cette relique soviétique en plaisantant, histoire de détendre l’atmosphère. Enfin un quatrième douanier s’approche à la rescousse des 3 autres, antipathique au possible. D’après son uniforme il semble être le chef et pseudo expert. Le premier aussi à engager une conversation sérieuse C’est quoi toutes ces montres ? Vous les avez achetées à Tbilissi ? Elles sont à vous ? – Oui bien sûr, à moi elles sont mais je les ai achetées dans le monde entier, et lui désigne une Tissot Celle-là vient du Pérou, celle-ci du Costa Rica, l’autre des Phillipines… . Pour ma seule défense j’insiste sur le fait que je suis horloger et fou de montres.

Puis il se saisit de mon passeport et gueule mon nom à un autre responsable de l’autre côté des portiques de sécurité. Aie aie aie, je suis mal… . Mais ne moufte pas et attends, ma fille endormie à côté de mon magot. A son tour il passe en revue chacune d’elles, les minutes passent et me paraîssent interminables. Après tout je n’ai pas de contrefaçon et pas de véritables produits de luxe non plus, que des petites montres réservées aux connaisseurs, dont la plus chère (speedmaster reduced) reste à mon poignet. Une bonne demi heure plus tard, le douanier, droit dans les yeux, me lâchera un ok c’est bon vous pouvez partir. J’ai eu chaud, je pense que s’ils avaient voulu ils auraient pu exiger des factures, et me garder plus longtemps. L’entrée sur sol européen par l’Allemagne se fait sans aucun contrôle, ceci dit dans mon cas il a déjà été fait en amont et je ne vais pas m’en plaindre.

Nous passons 3 jours à Munich, dans le cadre de nos balades et sans le vouloir je chine 3 petites montres dans des mini vide greniers improvisés de hall d’immeuble, et fait la découverte d’un stylo Montblanc dans les poubelles (authentique et comme neuf en boîte). Puis c’est finalement le moment de rentrer. Assis confortablement dans mon siège de TGV et à moitié endormi, ce sont des centaines d’images du voyage qui me reviennent en tête, chronologiquement et continent après continent. Je n’en retire que du positif, les quelques moments de galère, souvent liés au transport ou à la qualité de l’hébergement sont déjà effacés.

Nous aurons eu la chance d’avoir rencontré une majorité de gens sympathiques, bienveillants pour la plupart, nous aidant à organiser notre périple sans encombres, peut-être la présence des enfants a aidé dans ce sens. Mention spéciale à Google Maps aussi, cette application associée à la technologie des Smartphones nous aura permis de gagner un temps et une réactivité indéniable. Et du côté de mes petites affaires et ce qui fût à titre personnel le fil rouge de mon voyage, je pense m’en être bien sorti. J’ai acheté utile, en fonction de mes connaissances et opportunités, auprès de ces horlogers ou marchands de montres du monde entier que je considère maintenant comme les miens, car tous consignés dans les récits de mes aventures.

Après 10 mois de voyage et 75000 km parcourus d’une fantastique aventure, le retour en France me donne le sentiment étrange de n’être jamais parti, seules mes 6,5 kg de montres accumulées me rappellent qu’elles ne sont pas tombées du ciel. Et que j’ai du travail en perspective…

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