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En route vers Niagara Falls – 3

Juil 28, 2023

Les aventures du petit horloger – 3
 
Le Canada toujours, nous arrivons à Toronto par un périphérique de 8 voies, le traffic est juste impressionnant. C’est une ville très urbaine, le centre est fait de gratte-ciels futuristes et massifs ça m’évoque New York par endroits . Notre Airbnb est lui situé dans un quartier à taille plus humaine, c’est boisé, des joggers le long du lac Ontario, quelques échoppes bobo qui proposent du Kale, et la visite d’un horloger arménien qui me dit bien connaître la France et s’interroge sur ma présence ici, estimant que sa ville est vraiment pas terrible comparée à Paris. Bon je laisse dire… . Et lui demande un verre de forme pour une Quo Vadis chinée en bord de route pour 30 dollars 3 jours plus tôt, une vieille mamie des années 30 au boîtier travaillé, crasseuse mais en état de marche (elle tient bien l’heure et sa réserve de marche est de 30h), et sur laquelle je voudrais rechromer le fond abîmé du ph acide de son dernier propriétaire. Je me dis qu’avec un verre neuf et un beau bracelet cuir largeur 20mm elle fera fureur. Pour l’intervention du seul verre il m’en demande 120 dollars non négociable, j’oublie vite ma requête quand je sais que mon fournituriste niçois me les proposait à 10 euros. Par ailleurs il a de beaux bracelets Hirsch racing dont un qui collerait bien à ma Duke Valjoux 7734 achetée en Tunisie. Son prix public 50 dollars j’en ai vraiment besoin je prends, ce chrono se vendra mieux comme tel. Le jour suivant, Kijii le bon coin canadien me permet de mettre la main sur une Tissot Seastar auto auprès d’un chirurgien collectionneur de montres, une transaction moyenne (150 dollars can), ceci dit c’est un modèle space age que je n’avais jamais eu et me dit qu’elle trouvera bien repreneur un de ces jours… .
 
Direction Niagara Falls, à la frontière américaine, je vise les 7 pawn shops de la ville dans lesquels on trouve de tout et beaucoup de sous produits horlogers en tous genres, sauf un. C’est un gars à l’allure du vieux Jesse de la série shérif fais-moi peur qui m’accueille (l’oncle de Bo et Duke pour ceux qui s’en souviennent), me fait part d’un stock hérité d’un vieil horloger d’origine serbe ayant récemment mis la clef sous la porte. Ce serbe était capable de tout réparer et disposait de toutes les pièces, un génie de l’horlogerie me dit-il. Certains de ses clients venaient de loin pour le voir. Les pièces détachées ont déjà été revendues, cependant il reste des montres. Suis charmé du discours du vieil homme, j’aime bien ce genre de plan. De son arrière magasin il revient avec deux boîtes à chaussures remplies de montres en vrac. Du beau, du comme j’aime, du inaccessible même, à l’exception de 3 qui me tapent dans l’oeil, une rare Lecoultre au cadran estampillé Zippo, offerte aux partenaires distributeurs des briquets, une Zodiac et enfin une Glycine Airman de 1964 + boîte. Le balancier de la Lecoultre a un pivot cassé je passe, La Zodiac Aerospace m’est proposé à 800, chère car foireuse également, impossible de faire bouger l’aiguille GMT dans mes mains, sûrement une pièce cassée, en plus de ça la date reste bloquée à 14. Je le signale à mon vendeur mais il s’en moque. Et comme j’ai pas envie de m’embarrasser avec un produit que je ne pourrais pas remettre en état avant mon retour en France.
 
Par contre la Glycine vintage me plaît réellement, elle est parfaite mais en coûte 1500 dollars can, j’essaie de négocier mais l’oncle Jesse ne cède pas, voit bien que je suis intéressé et prétend que je peux la revendre le double en Europe, je doute et je pense avoir raison, la dernière à s’être vendue rapidement sur Ebay est partie à 980 euros, bof bof, faut dire que le mouvement qui l’équipe est un AS 1700/01, d’un point de vue horloger pas exceptionnel, quoique assez robuste et fiable. Et en même temps, trouver une montre de ce genre, ayant été portée par les pilotes d’hélico durant la guerre du Vietnam, proposée avec sa boîte d’origine en bois, ça n’arrive pas tous les jours. Merde, j’ai la pression, d’autant plus que je suis accompagné de ma femme qui s’impatiente et de mes deux enfants qui n’ont pas tardé à faire tomber de vieux jouets empilés à la manière d’un château de cartes.
Alors la raison l’emporte, je ne dois pas penser à me faire plaisir mais me doit de penser à la revente, c’est l’objectif à tenir et c’est dur, très dur. Si j’avais eu plus de temps devant moi je serais passé 3 jours plus tard et aurait re-négocié, seul face au vieux barbu entre quatre yeux, et si et si et si… . La visite des chutes du Niagara s’impose avant de passer côté américain. D’autres affaires suivront 😉

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