Sélectionner une page

Manille – 17

Nov 30, 2021

Les aventures du petit horloger – 17
 
Bientôt 8 mois que nous sommes partis de France, les Philippines sont la 14e étape de notre voyage. Physiquement, adultes et enfants vont bien, le fait de se déplacer rapidement d’un pays à l’autre est devenu une routine, de changer d’habitudes alimentaires aussi. Je dois dire qu’actifs comme nous le sommes la nostalgie du pays ne se fait que rarement ressentir. Les liens que nous avons conservé via les réseaux sociaux y font pour beaucoup, comme les rencontres que nous faisons dans le cadre de nos thèmes respectifs (Madame est architecte d’intérieur), enrichissantes elles favorisent l’élan positif de notre aventure.
 
Quand au budget, forcément, il s’ammondrit ! 20000 euros au compteur alors qu’il s’élevait à 60 au départ. Mes dépenses en montres s’élèvent à 6500 euros, j’ai du en acheter plus ou moins 70, quand d’autres auraient claqué cette même somme pour une seule ! C’est un choix, celles sur lesquelles j’ai mis la main sont toutes originales, du vintage pas courant, peu de marques luxueuses mais selon mes critères de bons mouvements, avant tout fiables. Plus de la moîtié de mon butin a déjà été rapatrié en France par un complice croisé à Bangkok, le poids de mes affaires s’en ressent et je l’en remercie. L’autre désagrément lié à mon activité est toujours présent, celui de se faire régulièrement contrôler avec quantité de métal dans son bagage à main. Une chance, je ne traite que de produits de seconde main, en conséquence les douaniers sont cléments. Je leur signale aussi (carte de visite à l’appui) que je suis horloger, ce qui justifie mes outils contondants placés en soute.
 
Le quartier de Makati dans lequel nous sommes logés n’a rien à voir avec le Manille des reportages télé que j’ai pu voir, ceux où la misère y est largement représentée. Makati est un genre de ghetto pour riches ultra sécurisé où les buildings poussent comme des champignons, cependant le prix des locations d’appartement privés y est abordable (50 euros la nuit dans un appartement privé tout confort). Nous y restons 4 jours. C’est de là que je vais démarrer mes recherches, en fouillant sur la version .ph d’Ebay. Peu de belles montres en tapant vintage watch seul, une majorité de Seiko vintage mais pas des plus qualitatives. Je tente aussi des mots clefs de marques bien connues, juste pour me faire une idée du marché. Il y a bien des choses mais les prix sont à peine plus intéressants qu’en Europe, mondialisation oblige. Et puis Tudor. Une Prince Oysterdate à 45000 pesos phillipins en local pickup, 700 euros. C’est pour moi ça ! Pas cher, mais les photos sont très bof, et manque celle du mouvement. Pas de boîte ni papiers. Je me dis qu’il pourrait y avoir anguille sous roche mais le vendeur dispose aussi de la version princesse de même génération. Il y a donc de fortes chances que ces 2 montres aient été achetées en même temps, ce qui me donne un indice de plus sur l’authenticité. On peut imaginer que c’est un couple qui fait le choix de s’en séparer, ou qu’il a été forcé de s’en séparer : vol avec violence, cambriolage ou encore dette de casino les possibilités sont multiples. Peu importe j’ai sous mes yeux une opportunité et je suis acheteur !
 
2 jours d’attente afin d’obtenir un rdv avec mon vendeur philippin, Edward, qui je note au travers de nos échanges s’exprime d’un très bon anglais (comme tout le monde ici du fait de la présence des américains dans le pays). L’affaire se révèle concluante, montre en mains je constate 1- que les pompes sont d’origine et le bracelet aussi, 2- sont gravés sur la carrure la réf. 74000N et le numéro de série 218052, soit une Tudor produite en février 1988. Seul hic je n’ai pas accès au mouvement, aucun de mes 2 ouvre-fonds Rolex ne correspondent. Exceptionnellement je vais donc me limiter à des tests pratiques : juger de la mise à l’heure et de la liberté de la chaussée, de l’armage manuel, du passage de date et enfin du son produit par la masse oscillante et de celui que génère l’échappement. La marche de cette montre semble excellente. De plus mon vendeur n’a rien d’un lascar (feedback Ebay 100% positif) et inspire confiance, cadre de profession, aime les montres et… a des potes croupiers dans les casinos, ma 3e hypothèse était ainsi la bonne ! Mes 42 billets de 1000 distribués (650 euros au final) je pars dés le lendemain crâner dans les îles de Palawan, Tudor au poignet 😉

Pour aller plus loin