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Orpaillage et Lip Compressor – 27

Août 11, 2024

Les aventures du petit horloger – 27
 
Qui n’a jamais rêvé de trouver de l’or ? On en récupère bien de débris d’épaves de montres ou bijoux, mais de l’or natif, comme au temps de la ruée vers l’or ? Je décide de me lancer le défi, commence par m’équiper d’un peu de matériel et vise une rivière dans mon secteur, la Nive. Une Lip Nautic Ski calibre R184 participe à l’aventure.
 
Pourquoi la Nive ? D’abord parce-qu’elle est dans le prolongement de plusieurs rivières classées aurifères et exploitées jadis par les romains, le camp de César et ses fosses à Itxassou en sont un bon exemple. Plus en amont du côté du Baztan une légende fait son chemin depuis le premier siècle. Il existe un puits d’or naturel (urreputzu en basque) dans la vallée d’Aritzacun, Pline le naturaliste le relatait dans ses écrits et évoquait jusqu’à 300 livres romaines d’or extrait par jour. Bien plus tard, en 1518, ce puits a été bouché par d’énormes pierres de taille, ce à cause des nombreux conflits qu’elle occasionnait. Aujourd’hui on constate que les pierres sont toujours là, le puits situé sur un terrain privé est d’ailleurs survolé de temps en temps par les hélicoptères de la guardia civil… .
 
Galvanisé par toutes ces histoires je pars le long de la Nive en quête de mon métal précieux. Je sais d’avance que ça va pas être facile, et vais me servir des moyens modernes pour accomplir ma tâche. Google Earth va m’aider à repérer les accès à la rivière où se situent les coudes et donc les placers alluvionnaires des berges. La dernière crue importante a eu lieu en 2021, l’or a donc été charrié depuis les montagnes, et puis s’est déposé en masse avec la fin de la crue, mais où ?
 
Je n’ai pas d’autre choix que de faire des prélèvements sur une dizaine de km à partir du village de Bidarray. Premiers indices porteurs de la ferraille de part et d’autre, un tambour de machine à laver informe, des seaux de peinture pris dans les branches, de grosses vis de madrier, et même un moteur de moto que j’identifie comme celui d’une Peugeot P55. Je m’intéresse particulièrement aux failles dans lesquelles viennent se bloquer tous les matériaux lourds (hématites entre autres), ainsi que les marmites, suffisamment profondes pour qu’on y trouve de petits trésors.
 
Constituer des prélèvements est physique, pour pas dire un travail de forçat, certaines pierres qu’il faut absolument déplacer pour libérer les trous pèsent une trentaine de kilos. Ensuite il faut remplir et encore remplir des seaux, avant de trier les matériaux dans un tamis 0,5 puis dans une rampe de lavage (sluice), et enfin s’adonner au plaisir du triage final les pieds dans l’eau, toujours dos au courant.
 
Cette activité à la batée requiert des gestes techniques qui demandent pas mal de concentration, non sans me rappeler mon travail d’horloger à l’établi. Pour dire il m’a fallu une dizaine de batées de pratique pour trouver quelque chose. A ce moment là le sable noir se découvre petit à petit, ça brille par endroits, l’excitation monte, est-ce de l’or ? Du bout de mon ongle plutôt de l’or des fous (pyrite), vite confirmé par sa légèreté et sa friabilité. Par contre d’autres micro paillettes se révèlent, qui malgré mes mouvements de batée répétés ne bougent pas, aucun doute, j’ai de l’or ! Si peu mais de l’or quand même, great ! On se demande alors combien de km ont parcouru ces paillettes depuis les montagnes pyrénéennes avant d’arriver à l’endroit où on les prélève, certaines bien planquées ont peut-être même attendu 200 ans avant que quelqu’un mette la main dessus.
 
Repérages après repérages je trouverai finalement beaucoup plus de paillettes de taille correcte (2 à 3 fois la taille d’une lyre incabloc) 10km plus bas, pas de quoi fantasmer un semblant de fortune, mais avec la pleine satisfaction d’en avoir trouvé, dans un contexte bucolique et rythmé par les flots sonores de la rivière, rivière qui pour ceux qui pratiquent la pêche savent que le temps ici s’écoule différemment, parfois une h dure 2h, et parfois c’est l’inverse. Seule ma Lip Nautic Ski au poignet me ramène à la civilisation.
 
Au travers de ces quelques lignes vous aurez aisément compris que ma passion pour l’or avait pris le pas sur les montres, ce n’est bien sûr que provisoire 😉

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